Théatre - La journée de la jupe Sortie culturelle des élèves de 2nde 12

(actualisé le ) par M. THOMAS - Théâtre -

Diffusé le 20 mars 2009 sur ARTE, la journée de la jupe sort en salle le 25 mars 2009.

10 ans plus tard, Fréderic FAGE (ancien élève du lycée Jean Jacques Rousseau) met en scène cette pièce et nous la propose au théâtre André Malraux.

Cette pièce a reçu en 2019, le prix théatre de la fondation barrière.

Sonia Bergerac est professeure de Français dans un collège de banlieue sensible et s’obstine à venir en cours en jupe malgré les conseils du proviseur. Dépassée par l’attitude de ses élèves ingérables, au bord de la crise de nerfs, elle tente tant bien que mal de faire son cours.
Dans le microcosme d’un collège difficile, au-delà des clichés, nous découvrons les mécanismes des relations de domination, entre professeur(e)s et élèves, mais également entre les élèves eux-mêmes. Des questions se posent sur la violence, la laîcité, les rapports hommes/femmes...

Programmée au festival d’Avignon en 2019, cette pièce réalise une tournée Française qui débute à Sarcelles. L’auteur Frédéric Fage nous explique les raison de son adaptation au théatre 10 ans après le film : "Parce que l’école n’est pas le no man’s land neutre fantasmé par les institutions, un intérieur cosy protégé du réel, mais bien au contraire l’unique lieu où tous les extérieurs se rencontrent, essaient de cohabiter et souvent se télescopent.
L’école est notre société en modèle réduit. Et à l’image de cette société elle n’est pas aujourd’hui « entre les murs » mais « au pied du mur ». De notre capacité à accepter de voir ce qui est, à trouver une autre voie que la démission ou la répression, dépendra l’issue. Différentes composantes de notre société s’affrontent aujourd’hui en des face-à-face tendus.
Ayons le courage de ne pas les laisser se transformer en corps à corps.
J’espère que cette pièce y contribuera
."

pour les 21 lycéens présents (classe de seconde), l’attente devant le théâtre est partagée entre discussions et échanges de bonbons. La légèreté ambiante va vite se dissiper dès le début de la pièce avec l’arrivé des 6 premiers acteurs. Habillés comme eux, parlant comme eux, se déplaçant comme eux, nos jeunes spectateurs s’identifient facilement aux personnages de la pièce, comme nous même enseignants nous identifions au personnage de Mme Bergerac. Nous sommes déjà au cœur du message que le metteur en scène veut faire passer : « il n’y a pas de jugement, que des constats », nous révélera-t-il à la fin de la pièce. Les premiers « tchip » ou « wesh », font rire autant les élèves que les enseignants, dans une introduction légère ne permettant pas de présumer des émotions à venir. Même les insultes provenant d’un acteur à l’attention de Mme Bergerac en font rire quelques-uns alors que ce moment est plutôt considéré gênant par les enseignants. A chacun son interprétation….

Les élèves ne peuvent pas anticiper les thèmes sensibles exposés dans la pièce : prise d’otage, agression, harcèlement, racisme banalisé, viol et assassinat, qui remettront en cause leurs jeunes certitudes pour laisser place au doute, au questionnement. Voilà pourquoi le théâtre en général et cette pièce en particulier relèvent de la magie : ces jeunes arrivent avec des bonbons en mains et repartent avec des questions en tête !

La pièce se termine sous une belle ovation témoignant de l’intensité des émotions ressenties par nos élèves, que ma collègue et moi sommes heureux d’avoir partagées. Des « bravo ! » sont envoyés timidement par les plus sensibles à la pièce.
Le metteur en scène organise, avec notre accord, un débat entre ses acteurs et notre jeune public. Les enseignants recueillent les questions des lycéens et récupèrent le micro pour lancer la seconde partie de la soirée.
"Pourquoi avez-vous voulu montrer la réalité ?" demande l’une des 21.
Après les sourires face à cette première question, l’un des acteurs nous explique que la vérité lui a été envoyée en pleine tête lorsqu’il échangeait avec des collégiens sur les thématiques de la pièce : les violences, le harcèlement, le non respect des filles, le viol, etc. et qu’une élève de 14 ans lui a rétorqué "c’est notre quotidien quoi..."
Les échanges se poursuivent, nos élèves applaudissent avec plus d’intensité un acteur en particulier qui les a toutes séduit, et nous terminons cette soirée en descendant de nos fauteuils pour nous diriger vers la scène.
Comment ne pas partager encore quelques secondes avec ces 7 acteurs qui auront marqué ce début d’année. Je demande alors s’il est possible de faire une photo des élèves avec l’ensemble des protagonistes. Ils acceptent à l’unanimité... l’acteur qui jouait le négociateur arrive en retard et se jette sur ses camarades, parce que oui, il est 22h30 et il n’y a plus que des enfants sur cette scène et ça fait du bien !

Merci mille fois à Mme CARLIER-SIRAT et M. COMPERE de nous avoir proposé ce spectacle.
Merci à Mme RABOUILLE de nous avoir accompagné et d’avoir partagé ce moment.
Merci aux familles d’avoir accepté que 21 élèves puissent vivre cette soirée.
Merci à Mme FONTANELLE, Directrice de l’Office Culturel Municipal
Merci à Frédéric Fage et l’ensemble de son équipe pour sa disponibilité et sa générosité.
Et enfin bravo aux acteurs qui en plus de leur talent sont une partie du reflet de ce que nous faisons/vivons chaque jour, élèves et enseignants.

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